Le confinement a bouleversé le quotidien des Français que ce soit dans leurs habitudes de consommation, dans leurs relations avec leurs proches et leurs voisins et surtout dans leurs envies pour leurs logements. David Benbassat, directeur général du portail immobilier Bien’ici, nous révèle les dernières tendances constatées en matière de recherche immobilière.

Comme beaucoup de secteurs, le marché immobilier a subi de plein fouet les effets du confinement. Alors que tout allait pour le mieux, l’activité s’est ralentie brusquement pendant presque 3 mois. L’impossibilité de visiter les logements, de pousser la porte des agences et des bureaux de ventes, de se réunir chez le notaire ou de déménager a bien évidemment diminué le nombre de transactions. Le volume des recherches immobilières s’était lui aussi réduit avant de repartir dès le 11 mai. Tous les portails immobiliers ont connu des records d’audience suite au déconfinement.

Les recherches effectuées en ligne par les internautes révèlent des tendances intéressantes, et l’immobilier ne fait pas exception. En étudiant leurs comportements sur Bien’ici, nous en avons beaucoup appris sur les mutations sociétales qui pourraient émerger suite à la crise du covid-19.

 

Le premier constat que nous avons fait est l’attrait confirmé pour les logements avec des espaces extérieurs ! En mars et avril, les recherches de biens avec jardins, balcons ou terrasses avaient augmenté de 43 %. Depuis le déconfinement, l’augmentation est de 78 %, location et achat confondus. Et ce n’est pas sans conséquence pour l’ensemble du marché immobilier. Ainsi dans les zones urbaines, les appartements en rez-de-chaussée avec jardin pourraient voir leur valeur augmenter contrairement aux appartements en étage sans balcon. L’absence de vis-à-vis pourrait également devenir un autre critère prépondérant dans les recherches immobilières.

Le confinement et surtout la limitation des sorties ont donné une place encore plus importante à ces espaces extérieurs. Le jardin est en effet l’espace propice aux jeux des enfants, aux réunions en famille ou entre amis ou encore aux Français à la main verte et prêts à se lancer dans la création d’un potager !

 

Notre analyse des tendances actuelles de recherche immobilière a également souligné que le rapport aux distances avait également évolué. En effet, les frontières entre le logement, la vie de famille et le travail ont pu pour certains se réduire. Nous avons notamment observé que les Franciliens n’avaient pas abandonné leurs projets immobiliers mais avaient en revanche élargi leur périmètre de recherche. Par exemple, la part des recherches de biens à acheter dans le département des Yvelines par des habitants des Hauts-de-Seine a progressé de 82 % en mai. Ce qui signifie qu’ils sont prêts à presque doubler leurs temps de trajet jusqu’à la Capitale, si cela leur permet d’obtenir un logement plus grand, moins cher ou mieux adapté à leurs besoins. Même constat pour les habitants de la Seine-Saint-Denis dont la part des recherches pour un achat ont progressé de 33 % dans le Val-d’Oise et de 32 % dans l’Essonne.

La question de la géolocalisation reste prépondérante en immobilier. Dans cette situation exceptionnelle, les Français ont sans doute encore plus pris conscience de l’intérêt de disposer de commerces de proximité ou au contraire, de pouvoir profiter du grand air de la campagne ou du bord de mer.

Depuis la fin du confinement, nous avons observé une activité importante sur le marché de la location. Nous constatons également que les « recherchants » sont moins frileux à l’idée d’emménager dans un autre département ou une autre région. Il est encore difficile d’établir s’il s’agit là d’une tendance durable ou bien d’une conséquence logique. Le besoin de trouver un logement rapidement peut en effet s’expliquer par la naissance d’un enfant, une séparation, un changement professionnel voire une période de télétravail prolongée. Quoi qu’il en soit, les internautes pourraient vouloir profiter de la souplesse de la location pour devenir des habitants « multi-territoires ».

Si cette crise ne sera pas sans conséquence sur notre manière de vivre dans nos maisons et nos appartements et de penser nos projets immobiliers, elle est loin d’avoir éteint l’intérêt des Français pour la pierre. Dans toutes les situations, le logement demeure une valeur refuge. Les critères de recherche, la tolérance au temps de transport, l’agencement des pièces, la proximité avec le voisinage, l’équilibre entre vie personnelle et vie professionnelle, etc. Les paramètres changent mais un achat immobilier sera toujours un moment fort dans une vie et un investissement solide pour l’avenir. Il faut espérer que les conditions d’accès au crédit immobilier resteront favorables à une grande partie des ménages français pour soutenir durablement cette dynamique du marché immobilier.

David BENBASSAT

Directeur Général BIEN’ICI

Source : Magazine Consult&Moi juillet 2020 du Groupe Consultim